LAC

Les amateurs du Lac des Cygnes ne doivent pas penser retrouver l’atmosphère qu’ils connaissent depuis toujours. Jean-Christophe Maillot, avec le Ballet de Monte Carlo, a  » bouleversé  » ce ballet : d’abord, on ne retrouve pas une nette distinction entre les actes blancs et les autres ; la musique ne suit pas la partition de Tchaïkovski ; les cygnes deviennent des créatures fortes et leur interprétation touche la limite du burlesque.

Le côté languissant et mélancolique de la version originale laisse la place à une danse énergique, éblouissante, ne laissant place à aucun moment de calme. Sur scène, les danseurs courent, sautent ; les cygnes amplifient tous leur gestes à une grande vitesse. Le style mêle un vocabulaire classique et une gestuelle parfois moderne.

Le rapport entre le précepteur et le Prince change aussi de registre : il perd toute sa signification originale, il s’affaiblit, pour devenir presque un rapport d’amitié.

Le chorégraphe a confié la relecture de l’argument à Jean Rouaud, Prix Goncourt en 1990. Malgré les changements, l’histoire se déroule parfaitement, il n y a pas de moment de fracture et tout le spectacle révèle une cohésion très forte.

Le seul moment où l’on retrouve l’aspect romantique est le début du deuxième acte. Même esprit, même tendresse que dans l’ancien ballet. Le pas des deux, bien que sa chorégraphie soit différente, est touchant et sa particularité vient de sa fraîcheur, car il sait reproduire l’esprit de jeunes contemporains.

Philippe Guillotel signe les costumes riches de couleurs et, pour les cygnes, rebondissants de plumes qui arrivent à dépasser les mains des danseuses.

Malgré le bouleversement que cette oeuvre peut produire, elle reste un témoignage exemplaire de la créativité de Jean Christophe Maillot qui peut se vanter de diriger une troupe excellente.

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